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Festival "Brèves d'images" de Quint-Fonsegrives (31). Regards...

Ce texte a été écrit par Pierre Gaffié, parrain du festival "Brèves d'images" depuis 2012.


Des deux côtés de l’image.


2021 : un emblématique acteur américain tue par erreur une directrice de la

photographie sur le tournage d’un western. 2022 : un non-moins célébré acteur

américain décoche un coup de poing à l’un de ses confrères sur la scène des

Oscars. Le premier drame se passe en comité restreint, le second en

mondovision. Les conséquences ne sont pas les mêmes, bien sûr, mais elles sont

révélatrices du pouvoir de l’image, et de la fine frontière entre « réalité » et

« fiction ». Le mot « I.M.A.G.E » est l’anagramme du mot « M.A.G.I.E ». Tout un

programme. Or, il y a des magies blanches et des magies noires. Celles qui font

rêver et celles qui nous parasitent… C’est un peu comme les jeux vidéo violents.

Personne ne se met d’accord sur leur influence sur l’âme des joueurs et leurs

répercussions dans la vraie vie, mais le simple fait de se poser la question c’est

déjà y répondre un peu…


Pourtant, à côté des cercles vicieux de certaines images, il existe, moins voyant,

moins médiatique un cercle vertueux, que peuvent créer les cinéastes, de tous

âges et de tous horizons.

Quand le public de « Brèves d’images » rentre chez lui après la remise des prix, il

a emmagasiné, au-delà du palmarès, les visions du monde créées par les jeunes

lauréats. Et chaque année, les thèmes sont aussi variés que possible… C’est quoi

aimer en 2022 ? Comment partager ses craintes face au climat devenu

incontrôlable ? A quoi ressemble l’engagement social ? Nos familles changent telles

? Comment inventer un super-héros en quelques heures et quelques

euros ?




Tous ces films, ces images, filtrés par les membres du jury, par les votes du public,

sont un fantastique thermomètre du monde d’aujourd’hui. Y compris quand les

films des enfants ou des adolescents sont drôles. Chez l’adulte, on parle de

l’humour comme « politesse du désespoir », mais c’est pareil chez les jeunes.

Derrière leurs blagues et leurs gags, ils savent faire passer des messages aussi

bien que certains dramaturges pompeux et sûrs de leur convictions…

Mais retournons l’écran dans l’autre sens ! Le public est lui aussi responsable du

des images. Sans doute tout autant que ceux qui les inventent.

La pandémie a renforcé le besoin de se sentir à l’abri et les salles de cinéma en

ont pâti. Or, l’expérience collective d’un film, a fortiori dans un festival, est sans

équivalent. Les émotions sont partagées, les débats rendus possibles. Et même

les silences ne sont pas les mêmes, selon qu’on soit devant sa télévision ou dans

la jolie salle, avec de nouveaux et beaux fauteuils, de Quint-Fonsegrives. Sans

public pas de films, et sans films, pas de public. Qui est l’oeuf et qui est la poule ?

Je connais peu de cinéastes heureux que leur film ne passent QUE sur les

plateformes vidéo sans aller en salle. C’est un peu comme si un guitariste ne

jouait que dans sa chambre et non sur une scène.




Le festival « Brèves d’images », créé en 2012 par Béatrice Germain et dont je suis

fier d’être le « parrain » (sans les connotations à la Coppola !) est un lieu

d’échanges entre celles et ceux qui, derrière une caméra, font leurs premiers pas

(et vivent leurs premières angoisses de la page blanche !) et de l’autre côté le

public qui a le courage de délaisser le cocooning du petit écran. Petits et grands

spectateurs, petits et grands écrans…

Et puis, n’oublions pas que les lauréats de « Brèves d’image » seront peut être en

piste à Clermont-Ferrand, Cannes ou « Sundance » (USA) dans quelques années.

A l’heure où les caméras sont de moins en moins chères et où les drones volent

plus haut (voir le succès du film «Les Misérables »…), le temps de la notoriété

s’accélère. Et les jeunes créateurs se font remarquer plus vite que leurs aînés.. A

condition d’avoir des idées et d’aimer filmer.

Je ne résiste pas à partager cette blague que j’entends de plus en plus sur les

plateaux de cinéma : « Surtout, sois gentil avec le 4ème assistant, celui que l’on

ne remarque pas et qui t’apporte un café le matin, car si il faut, il fera son premier

long-métrage avant toi ! ».


Pierre GAFFIÉ

Cinéaste, journaliste.

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