En tournant (voire en préparant...) le film "Canevas de libellules", cette épopée poético-politique, je savais que que tout serait compliqué. J'avais en tête la remarque d'un de mes artistes préférés (et, j'ai de la chance, bon ami), Thomas Bardinet. Ce dernier pense que quand un film ne se fait pas à un instant "T", il ne faut pas tenter de le refaire autrement plus tard. (je simplifie). Je pense que c'est assez juste, mais parfois les règles et préceptes sont faits pour être contournés. Je portais le canevas de "Canevas..." depuis 24 ans. Après mon départ de Canal Plus, j'étais obsédé par la pureté, l'idéalisme, deux notions qui m'avaient justement donné envie de quitter l'antenne, ne plus apparaître à l'image, mais passer derrière la caméra.
Puis le temps a passé et j'ai été pris dans d'autres projets. Mais l'envie s'est montrée plus forte que la raison. J'ai repris cette histoire d'une femme utopiste (Wanda, en hommage à Barbara Loden) qui se présente à l'élection municipale de son village.Avant de découvrir que des rêves à la réalité, il y a quelque chose qui s'appelle l'irrationalité des électeurs et d'une campagne... Wanda va battre la campagne... Ce film a donc été très délicat à cristalliser. Et j'ai finalement décidé de confier ce rôle à haut risque à une comédienne merveilleuse, pour qui je me suis pourtant décidé 3 jours avant le tournage (incroyable quand on y pense, vu les enjeux). Elle s'appelle Claire COUTURE, et c'est une génie...
Après des sélections officielles aux USA (et aucune en France encore, comme quoi...) le film est sélectionné au festival "Emerald Peacock" (le paon vert) à Berlin...
Pierre Gaffié, 26 Mars 2022.
