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Bruno Podalydès invité du "Vrai monde" de Pierre Gaffié

Dernière mise à jour : 9 août 2021

Dans "Les 2 Alfred", aucun répit, aucun confort ou de "temps de cerveau disponible" n'est laissé à l'oisiveté du spectateur. Et pourtant, le tempo se balance, entre intelligence et énergie (lors de la remise de son "César" en 1993 pour "Versailles, rive gauche", Bruno Podalydès avait insisté sur l'importance de l'énergie). Pour réussir une entreprise, hâtons-nous lentement, à l'image de cette relation amoureuse entre Arcimboldo et Sandrine que celui-ci convoite... La dernière séquence, très marquante, où quelques pas de claquettes sont esquissés sur le bitume par Arcimboldo, sont très signifiantes. Elles s'inscrivent dans la droite ligne de ces fins en mouvement, comme le SDF dans "Bancs publics" ou le kayakeur dans "Comme un avion" (à titre personnel, ma fin préférée du cinéma français de ces 20 dernières années, à chaque fois j'ai des frissons en la revoyant)


Bruno Podalydès est un coquin poétique. "Dieu seul me voit" (son premier long) a un titre mystique alors que c'est une expression pour parler de masturbation dans les Antilles. Ces mélanges sacré/léger sont l'équivalent du salé-sucré en nourriture. Dans "Les 2 Alfred", Alexandre est invité au restaurant pour rencontrer le maire d'une petite commune sur laquelle son agence de com' a des vues. On lui sert de la nouvelle cuisine, sur laquelle il s'extasie. Mais revoyez cette séquence : les attitudes quasiment jouissives d'Alexandre à chaque bougée, à quel degré doivent-elles être prises ? C'est si bon que ça ? Ou alors plutôt : C'est tellement peu en quantité qu'on est obligé de savourer le minimum sous peine de passer à côté ?. D'ailleurs, un peu plus tard, quand le petit groupe se réunit, on entend cette phrase : "Les pâtes, c'est ce qu'il y a de mieux !". Bruno Podalydès contourne les problématiques politiques en parlant de nourriture, et avec son utilisation récurrente du tissu comme support militant : dans "les 2 Alfred", ce sont des T-Shirts avec des slogans ("Celui qui ne bouge pas ne sent pas ses chaînes"), dans "Bancs publics" c'était le drap avec écrit "Homme seul" à la fenêtre, et dans "Liberté Oléron", c'était la voile de bateau griffée "PSG" dont le marin enlevait le "G".

"Les 2 Alfred" (encore un titre avec le nom du personnage après "Berthe", "Bécassine" et donc "Dieu") est un canevas visuel, sociétal et amoureux, dans lequel on peut entrer par tous les coins de l'ouvrage.


Et puis merci à Bruno Podalydès d'avoir décomplexé ceux qui dansent comme on trait une vache...


Retrouvez la vidéo de l'émission "Le vrai monde" (Fréquence Protestante 100.7fm) où Bruno Podalydès est l'invité de Pierre Gaffié ici : https://youtube.com/watch?v=mltUqmCKxXe


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