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pascale-joanne rabaud

Architecte Scénographe

Vous avez collaboré à la décoration de ces trois films « Canevas de Libellules », « La relativité expliquée aux enfants » et « La nuit se lève ».

Pouvez-vous nous parler de ce travail main dans la main avec Pierre Gaffié ?

 

Plus qu’un travail main dans la main, il s’agit d’écouter, de proposer, de répondre à des problématiques. On a affaire à un réalisateur - et dans le cas de Pierre c’est d’autant plus vrai - qui a une vision précise de ce qu’il souhaite. Il faut donc l’épauler, éventuellement le conseiller. Parfois le contredire… Être présente en toute discrétion (sourire).

J’ai rencontré Pierre au Festival de Cinéma de Sarlat il y a … un certain temps, avec mon regretté associé, Serge Sommier. On peut donc dire que nous sommes des amis de longue date, et je collabore d’ailleurs avec lui sur un projet à venir d’émission de télévision sur la nuit. Tout un programme…

Quel est le chantier dont vous êtes la plus fière ?

 

Il y a pas mal de chantiers différents. Comme je suis architecte de formation et que je pratique beaucoup dans le domaine de l’architecture intérieure (c’est comme les décors, mais en pérenne), j’ai pas mal de chantiers aussi dans ce domaine. Certains m’ont effectivement donné un sentiment de fierté.

Dans le domaine du décor de cinéma, ou de la scénographie, il y a un film passé inaperçu, « Bingo », où nous avions fait, Serge et moi, un travail de décors, de costumes et de véritable direction artistique, au sens anglo-saxon du terme, et c’était très intéressant à faire, car rare en France. En télévision, Fort Boyard dont nous avons créé les décors au tout début. Aussi une très belle scénographie à Bercy pour Michel Sardou, il y a quelques temps.

Comment faites-vous pour trouver le juste équilibre entre votre subjectivité esthétique et celle du client ? J’entends par là que, parfois, notre interprétation d’une demande peut être bien différente de celle que peut s’en faire notre interlocuteur.

 

Vous avez raison, elle est souvent différente. Chacun interprète selon sa sensibilité et sa culture. Mon rôle est de m’adapter à mon interlocuteur, en lui apportant le « plus » de mon expérience et de ma notion de l’esthétique autant que du pratique. C’est un gros boulot, impossible à expliquer en quelques lignes seulement.

Y-a-t-il une spécificité du décor pour le cinéma en comparaison avec un décor pour la télévision ou le théâtre ?

 

Cela fait l’objet de tout un chapitre d’un livre que j’ai écrit il y a quelques années, « Chef décorateur pour le cinéma » (je vous le conseille !), mais je vais vous résumer en quelques mots : au cinéma on est presque toujours très réalistes, la caméra est un médium exigeant. A la télévision, en fiction, c’est le même exercice. En plateau c’est tout autre chose. On est davantage dans l’abstraction. Il faut faire preuve de créativité, et de technicité, anticiper les mouvements des caméras. Au théâtre, on peut être beaucoup plus dans la symbolique, la suggestion. Le public est en prise directe avec le spectacle et le décor, et son imagination peut faire son propre travail. Les trois sont passionnants et j’adore passer de l’un à l'autre.

Ne vous arrive-t-il pas que votre sens artistique soit lésé au profit de certaines volontés ? Si tel est le cas, comment faites-vous face à cette frustration ?

 

Cette frustration-là est parfois énorme. Comme toujours lorsqu’un projet vous tient à cœur, et que vous pensez être dans le vrai, dès lors que vous vous trouvez en situation de renoncer à vos convictions, qu’elles soient artistiques ou d’un autre ordre, vous êtes frustré. Et alors là, je relis Claire Brétécher !

Si vous deviez choisir trois films qui ont marqué votre vie, lesquels seraient-ils ? Pourquoi ?

 

Difficile ! 

« La Belle et la bête », vous comprendrez pourquoi, 

« Cyrano de Bergerac» (alliance d’un des plus beaux textes du théâtre avec un cinéma qui a du souffle), 

« Vania, 42ème rue », très beau film de Louis Malle sur le théâtre, justement, et plein de comédies musicales américaines de la grande époque (une mine en matière de décors et d’harmonie)…

[Interview réalisée par mail le 15/12/20 par Eulalie FAGES] 

Georgia italique est une police délicate et s’inspire de la calligraphie. Elle permet de mettre en valeur une petite section de texte dans un paragraphe. (avis Pierre sur rencontre)

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