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Mélissa Petitjean 

Mixeuse

Vous avez travaillé comme mixeuse sur le film « La ville aux murs dauphins » pouvez-vous nous parler de ce travail main dans la main avec Pierre Gaffié ? 

 

Ce travail remonte à déjà pas mal d’années !

 

Dans mon souvenir, la narration sonore avait été très travaillée avec la monteuse son Cécile Chagnaud et Pierre Gaffié savait très bien ce qu’il voulait tout en laissant la place à la proposition et à la recherche. La collaboration était agréable et l’univers de Pierre très enrichissant.

 

Pouvez-vous nous parler un peu de votre travail de mixeuse ? 

 

Le mixage est la dernière étape (avec l’étalonnage) dans la fabrication d’un film.

Il s’agit de travailler la matière sonore dans l’espace. Celui du film et celui de la salle. Ce travail se fait en collaboration avec le/la réalisat.eur.rice afin de faire des choix de mise en scène dans la continuité de tous ceux qui ont été faits dans les étapes précédentes.

Pour répondre aux besoins de narration du film, nous travaillons la matière sonore notamment en niveau, en fréquence, en acoustique et dans l’espace de la salle.

La difficulté du mixage est la transportabilité du film. C’est-à-dire que toutes les intentions se transportent d’une salle à une autre , le film était distribué dans des salles de cinéma très différentes.

 

Vous avez reçu le César du meilleur son pour « Michael Kohlhaas ». Qu’avez-vous ressenti au moment de recevoir cette distinction ?

 

C’est un moment très marquant dans une carrière. C’est toujours très émouvant, surtout pour nos proches. 

Je suis très contente de l’avoir eu pour ce film qui me tient à coeur. Je suis très heureuse qu’à travers ce César qui nous a été attribué à Jean-Pierre Duret, Jean Mallet et moi-même, le travail d’Arnaud Des Pallières soit reconnu car c’est un réalisateur qui travaille beaucoup sur les sensations que peut procurer le cinéma et qui utilise les images et les sons au maximum de leur possibilités pour raconter ses histoires.

Je suis très fière d’être la première femme à recevoir cette distinction pour le mixage car je pense que cela permet de montrer que le mixage n’est pas un métier réservé aux hommes. Cela donne ouvre la porte à toutes les jeunes filles qui n’oseraient pas se lancer dans une telle carrière.

 

 

Vous êtes chevalier de l’ordre national du mérite. A quelle occasion était-ce ? 

 

Oui c’est exact. J’ai été nommée au grade de chevalier de l’ordre national du mérite fin 2018 à la demande de Frédérique Bredin, alors présidente du CNC  pour, je la cite, « récompenser mon engagement et mon remarquable travail de mixeuse ainsi que mon engagement en faveur du cinéma français. »

 

La satisfaction personnelle qu’apportent les distinctions est éphémère, elles ont à mes yeux un rayonnement beaucoup plus important : cela permet d’être écoutée pour que les autres soient entendus.

 

Si vous deviez choisir trois films qui ont marqué votre vie, lesquels seraient-ils ?

 

Les Ailes du Désir de Wim Wenders

 

Le Fils du Requin d’Agnès Merlet

 

Magnolia de Paul Thomas Anderson

J'ai lu un jour une phrase de Carl-Gustav Jung (le psychologue) disant que les discussions les plus profondes qu'il ait eues dans sa vie l'avaient été avec des anonymes. Frappant, quand on sait le nombre "d'érudits" que ce grand homme a dû croiser sans sa vie. Moi, Mélissa, j'ai entendu sa voix, avant de la connaître. C'était un dimanche matin, au Max Linder à Paris, pour une avant-première, où elle disait discrètement (mais clairement) à un petit groupe de personnes, que la projection n'avait pas été faite dans les règles de l'art. Un film qu'elle avait mixé. J'ai tout de suite aimé la voix de Mélissa, à une époque où j'étais plein de doutes sur mon avenir. Cette simple voix d'une inconnue a été un socle, un phare, auquel je me raccroche encore aujourd'hui...

Pierre Gaffié

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