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Pierre Gaffié

Et bien ouie!

« Et bien ouïe », que vous pourrez bientôt voir sur France 3, raconte l’histoire d’une jeune acousticienne. Elle décide de faire de sa passion des sons, une invention qui pourrait aider l'humanité à surmonter les moments difficiles.

Résumé :

A PROPOS

« Et bien ouïe », que vous verrez bientôt voir sur France 3, raconte l’histoire d’une jeune acousticienne. Elle décide de faire de sa passion des sons, une invention qui pourrait aider humanité à surmonter les moments difficiles.

 

Le bruit est partout : jusque dans les cages d'ascenseurs, jusque dans notre intimité. Il est tellement difficile de trouver un restaurant calme pour dîner en amoureux (ou pour essayer de tomber amoureux...) que des guides gastronomiques commencent sérieusement à réfléchir à donner deux notes aux établissements : un pour la qualité de la nourriture, l'autre pour celle du silence.

Le bruit, le son (parfois ces deux mots veulent dire la même chose) sont même devenus des actes de tortures. Dans des camps (sur plusieurs continents), des prisonniers sont soumis à des musiques, des chansons, souvent signifiantes, humiliantes, en boucle 24 heures sur 24. La raison est détruite à petit feu.

 

Comme Mathilde, l'héroïne acousticienne de "Et bien ouïe", j'ai toujours été fasciné par les sons. Pourtant, ma rencontre avec eux a mal commencé : trop de boîtes de nuit et un jour mon oreille droite a crié "stop". Et elle m'handicape depuis mes 2O ans. J'ai essayé de me consoler en me disant que François Truffaut était très dur de l'oreille, n'empêche : il y eut un avant et un après ce "traumatisme sonore" (le terme médical approprié) que je soigne encore.

 

Savoir se préserver des sons, c'est aussi les trier, et être plus attentifs à ceux que l'on garde en mémoire. La vue, c'est la vie, l'ouïe c'est l'envie. A une époque où presque tout peut être transformé par la chirurgie esthétique, la voix semble une citadelle imprenable pour les marabouts du botox et du bistouri. Notre voix, c'est nous, et il est peu probable qu'on puisse nous la changer.

Dans "Et bien Ouïe, j'ai eu envie que Mathilde donne un sens à ses études et à elle-même. Le cimetière sonore qu'elle invente est une manière de rendre hommage à nos disparus (dans le film, c'est sa mère). Le MP3 est aussi important que fut l'invention de la photographie numérique. On peut fixer pour toujours la voix de quelqu'un, et la garder précieusement, cela permet en un sens de défier la mort, ou plutôt de défier l'oubli...

 

"Et bien ouïe" est donc un film optimiste, qui rend hommage à la créativité d'une jeune femme, qui n'est pas motivée par le gain et la gloire. Elle semble le faire pour une raison universelle, comme une guérisseuse.

 

Aujourd'hui, quand on va à des funérailles, les discours prononcés pour rendre hommage à la personne décédée semblent puisés dans des livres (c'est d'ailleurs le cas) et il m'est arrivé d'entendre le même discours à un mois d'écart pour "célébrer"  des personnes disparues pourtant très différentes. On est tourneboulé quand quelqu'un meurt, mais pas au point de perdre les mots. Dire adieu à quelqu'un ne peut pas être du "prêt-à-porter", ce doit être du "sur-mesure".

 

Voilà pourquoi j'ai eu envie, à travers le personnage de Mathilde, de figurer un être plein de vie, aux grands yeux et aux grands coeurs. Et aux grandes oreilles...

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